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Tudo Bem – Rio de Janeiro

Pour le long week-end du 14 juillet 2015 (4 jours) nous avons fait le pari un peu fou avec une amie d’en profiter pour séjourner à Rio de Janeiro au Brésil. Mon amie en question, Ingrid, connait très bien cette ville puisqu’elle a eu l’occasion d’y séjourner durant un échange universitaire de 6 mois.Rio - Rio 2016 - footballNous avions repéré à l’avance des vols raisonnablement attractifs et mon amie s’est occupée des réservations pour l’auberge de jeunesse ainsi que du programme pour notre séjour. Je lui fais entièrement confiance et la suis les yeux fermés.

Seulement voilà, au moment de nous enregistrer pour le vol nous apprenons qu’un vol précédent au départ de Londres a rencontré un problème technique et  que ses passagers seront embarqués en priorité sur notre vol, ce qui ne nous garantit aucunement d’avoir un siège.  Nous n’avons pas plus d’information. Tout ce que nous savons c’est que le prochain vol pour Rio est prévu pour le lendemain après-midi (ce qui techniquement nous fait perdre une journée entière sur place) ; et que nous devons revenir dans une heure pour vérifier si par chance il resterait quelques places de disponibles.

Nous sommes dépitées et décidons d’aller manger un morceau. Nous en profitons pour envoyer des messages à nos proches afin de les prévenir que nous n’aurons pas le vol du soir et embarquerons sûrement demain après-midi. Nous nous présentons une heure plus tard sans grand espoir au guichet et attendons la sentence. L’hôtesse commence sa phrase de manière négative ce qui ne laisse rien présager de bon :

– « Je suis désolée mademoiselle mais…. Je ne pourrais vous placer à côté l’une de l’autre ».

Il me faut un certain temps pour réaliser.                                                                                      -«  Cela signifie que nous allons pouvoir embarquer finalement? »

-« Oui mais vous ne serez malheureusement pas placées à côté ».

C’est ce qu’on appelle un ascenseur émotionnel, nous passons de la déception et la tristesse à la joie en l’espace de quelques secondes. Je remercie mille fois l’hôtesse qui m’explique que finalement  l’avion de Londres n’a pas atterri à Paris et que ses passagers seront donc reportés sur un autre vol. Nous embarquons avec un sourire immense et  tentons de profiter de ce vol de nuit pour dormir un peu afin d’atténuer  l’effet du décalage horaire.

Nous arrivons à Rio très tôt le matin et devons d’abord faire la queue à la douane avant de filer à l’auberge pour déposer nos affaires. Enfin sous pouvons commencer à en profiter ! Et d’ailleurs nous ne nous faisons pas prier puisque nous allons directement sur la plage de Copacabana faire un petit somme au soleil, tenter une baignade dans les rouleaux et déguster de l’eau de coco à même le fruit. Rio - CopacabanaBien que nous soyons en plein hiver pour le Brésil, les températures sont plus que clémentes (25-27C°) et nous permettent d’en profiter pleinement.

Après nous être reposées, nous nous dirigeons vers le mont du pain de sucre ou Pao de Açucar en Brésilien.  Il s’agit d’un pic de granit (plutôt d’une très haute colline à vrai dire) qui surplombe la ville ainsi que les autres formations rocheuses attenantes.  Avant de prendre le téléphérique qui nous mènera jusqu’à son sommet, nous explorons sa partie basse en longeant la baie de Guanabara qui constitue un site naturel protégé. Nous nous baladons ainsi  en bordure d’une forêt exotique et nous baignons sur la petite plage de Praia Vermelha. Cette dernière offre une superbe vue sur le pain de sucre et je recommande vivement cette petite excursion !Rio - plage pain de sucre         Nous prenons ensuite le téléphérique (moyen le plus pratique et simple pour monter  au sommet). Il est également possible de faire l’ascension à pied en escaladant mais cela prend plusieurs heures et nécessite un très bon équipement et entrainement ! Dommage, pour une prochaine fois peut-être…

 Sachez que le téléphérique part toutes les vingt minutes et peux contenir une soixantaine de personnes. L’ascension se fait en deux temps : un premier téléphérique permettant de monter en haut de la colline de la Urca, puis de là, un second téléphérique menant au sommet du pain de sucre.  (pour plus d’informations sur les horaires et tarifs je vous redirige vers ce site www.bondinho.com.br)Rio - Pain de sucre          Une fois arrivées au sommet je n’en reviens pas. Le panorama est à couper le souffle !  La célèbre statue du Christ Rédempteur, les quartiers de Botafogo et de Leblon, les plages d’Ipanema et de Copacabana, l’océan atlantique sud, nous pouvons absolument tout voir de là-haut ! J’en profite pour réaliser quelques photos souvenir et m’imprégner de ces paysages sublimes.Rio - vue Panoramique        Avant mon départ, beaucoup de personnes m’ont mise en garde contre Rio en m’indiquant à quel point c’était une ville dangereuse où le vol était monnaie courante. A force d’entendre ces remontrances j’ai fini par prendre peur et ai pris la décision de n’emporter aucune affaire de valeur durant ce voyage. Cela vaut également pour l’appareil photo. Je me suis acheté à la place un appareil jetable ce qui de ce fait, me limitait à une trentaine de photos pour tout le séjour en plus de celles prises avec mon téléphone.  Il me fallait donc choisir avec minutie les moments qui valaient la peine d’être capturés et m’appliquer pour que chaque photo soit absolument bien cadrée. J’ai trouvé l’exercice très intéressant puisqu’à l’ère du numérique nous n’avons plus du tout  le même rapport à l’image, tout est tellement abondant et  instantané ! De plus, la qualité du cliché une fois le développement réalisé est absolument magnifique, la luminosité est parfaite, je ne regrette vraiment pas.

Une fois redescendues, nous allons diner sur le bord de la plage de Copacabana et dégustons notre première caipirinha. Le choix des garnitures est impressionnant et je décide de partir pour une Caipi-kiwi : délicieux ! Rio - caipirinha kiwiBercés par le bruit des vagues et les échos des musiques populaires brésiliennes, nous savourons pleinement la chance que nous avons de nous trouver là, sur cette plage, après cette première journée de rêve.  Les effets du manque de sommeil et du décalage horaire commencent cependant à se faire ressentir et  nous ne tardons pas à rentrer à l’auberge.

Nous nous levons le lendemain matin et nous baladons sur la mythique « Avenida atlantica » longeant la plage d’Ipanema. Il s’agit d’une allée pédestre faite de mosaïques blanches et noires représentant des formes ondulées telles d’immenses vagues. Elle est entourée par une large collection de palmiers.  Tout en la parcourant, nous engloutissons quelques  « pao de quejo » – petits pains fourrés au fromage typiquement  brésiliens – et dégustons un jus de goyave fraîchement pressé devant nos yeux. Un vrai régal ! Vient ensuite l’heure de la baignade. Les plages de Rio sont connues pour leurs rouleaux très prisés des surfeurs et Ipanema ne fait pas exception à la règle. Il m’est difficile de rester très longtemps dans l’eau mais ces courtes sessions rafraîchissantes me font le plus grand bien. Parmi les quelques touristes de la saison et les cariocas,  de nombreux  vendeurs ambulants arpentent la plage et proposent de quoi se restaurer/désaltérer ainsi que le nécessaire de plage : paréos et bikinis, serviettes, produits solaires etc.  Nous nous laissons toutes les deux tenter par une serviette de plage dont le motif n’est autre que le drapeau Brésilien. Enveloppées dans nos nouveaux achats, nous admirons la colline des deux frères (Morro Dois Irmaos en Brésilien). Rio - Ipanema               Il s’agit de deux immenses masses rocheuses dominant l’océan. Je ne le sais pas encore, mais Ingrid a prévu de m’amener assister à un lever de soleil sur l’un de ces deux sommets le lendemain matin.

Pour le déjeuner, nous avons rendez-vous avec deux amis d’Ingrid : une française Laurence et son copain Brésilien Uelder. Ils nous proposent de déguster un plat typiquement Brésilien : une Feijoada dans un restaurant local. La Feijoda se compose d’haricots rouges/noirs, de riz, de viande de porc, d’ail, d’oignons et d’épices. C’est vraiment très bon mais copieux.Rio - FeijoadaNous partons ensuite en direction du jardin botanique observer  son impressionnante biodiversité. Il se situe dans les environs de la forêt de Tijuca et propose plus de 8000 espèces de plantes différentes venant du monde entier. La première chose frappante, une fois sur place, est le calme et la sérénité palpables loin de l’agitation du centre-ville. Nous sommes bercés par le bruit du vent dans les branches, le ruissellement de l’eau des fontaines et le chant des oiseaux.Rio - Jardin botanique Le jardin est organisé en plusieurs sections à thème : tropiques, japonais etc que nous explorons selon nos envies.Rio - cactus - jardin botanique Cactus, nénuphars, bambous, orchidées, les espèces s’enchainent sous nos yeux ébahis. Au-dessus de l’immense palmeraie nous observons le Corcovado qui nous salue. Le moment est magique, comme suspendu hors de temps.Rio - Palmeraie - jardin botanique                                                                        Nous retrouvons par la suite Laurence et Uelder avec lesquels nous admirons le coucher de soleil sur la plage de Leme où quelques surfeurs tentent une dernière communion avec les vagues avant d’aller écouter un petit concert de rue. Rio de Janeiro - Leme - surfNous ne tardons cependant pas car nous avons prévu de nous lever très, très tôt le lendemain pour une expédition mythique.

Il est aux alentours de 4h30 du matin quand le réveil sonne le lendemain. Les membres encore engourdis de la veille, nous trouvons le courage de nous préparer à la hâte avant de prendre un taxi direction la favela du Vidigal située sur le bas flanc de la colline des deux frères (il n’y pas de métro disponible à cette heure-ci de la journée). Une fois arrivés, Ingrid, qui se débrouille plutôt bien en portugais discute un instant avec un moto-taxi. Le chauffeur vient à ma rencontre et tente de me parler en Brésilien. La situation devient alors comique car hormis les quelques rudiments que j’ai appris en deux jours je ne parle pas un mot de portugais, mais le chauffeur insiste. Est-ce qu’il me prend pour une locale ? Je n’ai malheureusement pas le physique d’une brésilienne pourtant !  Ingrid arrive à ma rescousse et sans quand j’ai le temps de dire quoi que ce soit je me retrouve à l’arrière de sa moto. J’ai à peine le temps de voir Ingrid entamer un deuxième round de négociations avec un autre chauffeur que nous  commençons l’ascension. Je ne suis absolument pas rassurée :

  1. Parce que je suis toute seule à l’arrière d’une moto-taxi pas vraiment homologuée et que je n’ai aucun moyen de communiquer avec le conducteur
  2. Parce que nous sommes dans une favela, donc pas forcément l’un des quartiers les plus fréquentable de la capitale pour une touriste, et que pour ne rien arranger il fait encore nuit puisqu’il est à peine 5 heures du matin.
  3. Parce que nous roulons à toute vitesse sur une route de montagne très à pique et sinueuse. A chaque fois que nous croisons un véhicule en contre-sens je ferme les yeux et m’agrippe de toutes mes forces au chauffeur. Heureusement, mon chauffeur maîtrise parfaitement son véhicule et me le prouvera avec quelques petites prouesses de conduite durant cette ascension.

Une fois arrivée en haut je règle le chauffeur et celui-ci disparait dans l’obscurité. J’attends ensuite Ingrid sous la lumière d’un réverbère. Nous cherchons alors une ouverture dans les feuillages, une esquisse de chemin dans la végétation nous entourant. La luminosité est réduite ce qui rend la tâche difficile. Nous finissons tout de même par trouver un semblant de sentier grimpant que nous suivons pendant une vingtaine de minutes avant de déboucher sur le sommet. Un couple est déjà là, assis sur l’un des rochers.Rio - sunset - deux frèresJe crois qu’il n’y a tout simplement pas de mot pour décrire le spectacle qui se tient devant nos yeux. Le soleil se lève sur un paysage fait de collines verdoyantes, de longues plages de sable fin blanc et de maisons colorées. Nous restons ainsi pendant des heures. Je crois même que nous aurions pu y passer la journée tellement le point de vue est incroyable !Rio - lever du soleil - colines - plage          Malgré la beauté des lieux nous savons que Rio a encore d’autres endroits secrets à nous révéler et nous décidons de rebrousser chemin après quelques photos souvenir. Rio - serviette drapeauNous descendons l’intégralité de la colline à pied. Maintenant qu’il fait jour, elle me parait beaucoup moins hostile. D’ailleurs Ingrid m’apprends que la favela a récemment été pacifiée ce qui met fin à mes appréhensions. La descente prendra plus d’une heure.

A l’époque où nous l’avons fait, ce point de vue était relativement peu connu du public. De même, son accès n’était pas facilement praticable (chemin non clairement délimité, branches obstruant le passage etc). Cela garantissait une quasi exclusivité une fois arrivées sur le sommet. Je remarque cependant qu’en l’espace de quelques années, la réputation de ce lieu incontournable s’est accrue et que de nombreux tours opérateurs proposent de le visiter via des circuits payants. Je ne sais pas ce que cela vaut (prix, fréquentation, aménagement du lieu) mais si vous préférez le faire en mode « roots » par vous-même comme nous l’avons fait avec Ingrid, sachez que cela est tout à fait faisable mais demande un minimum de logistique et de préparation (transport jusqu’à la favela de Vidigal, plan des collines etc).Rio - FavelaRio - Favela - street artNous faisons une visite commémorative du quartier où Ingrid a séjourné et en profitons pour nous restaurer et déguster un jus exotique (fruit de la passion cette fois-ci). Ingrid m’entraine ensuite vers les quartiers de Santa Teresa et de Lapa à la découverte du célèbre escalier « Selaron » (du nom de l’artiste chilien qui l’a créé) et qui constitue une véritable œuvre d’art. Entièrement constitué de carreaux colorés, un peu à l’instar des azulejos portugais, cet endroit est une fresque grandeur nature. Rio - escalier selaron - drapeau bresilLa différence étant que les couleurs prédominantes ici ne sont pas limitées au bleu, comme c’est souvent le cas pour les azulejos portugais. L’artiste a également eu recours à d’autres couleurs plus flamboyantes : rouge, jaune & vert, particulièrement représentatives du brésil. Tuiles, céramique, fragments de miroirs ; plusieurs matériaux ont été utilisés pour donner vie à cet édifice.

Les carreaux racontent plusieurs histoires, représentent plusieurs symboles forts du Brésil. Rio - escalado selaronLeur observation n’est pourtant pas chose aisée puisque l’escalier est un « must-seen » et attire donc en conséquence de nombreux curieux. Après plusieurs photos, nous dinons et savourons quelques bières et Caiprinhas  dans le quartier très animé de Lapa. Les arches de Lapa, vestiges d’un ancien Aqueduc reconverti en voie de tramway, constituent l’attraction de la soirée que nous contemplons au son de la samba.

Dernier jour à Rio déjà ! Après avoir préparé nos bagages et les avoir laissées à la réception, nous partons pour le Corcovado rendre visite au christ rédempteur. Apparemment nous ne sommes pas les seules à avoir eu cette idée. La foule est très dense et il nous faudra patienter plusieurs heures avant de pouvoir acheter nos places et monter à bord du fameux bus nous menant jusqu’à lui. Sur place, aucune surprise, l’endroit est bondé et il y est difficile de circuler. Tant pis, cela ne nous empêche pas  d’admirer la magnificence de la statue de plus de 30 mètres, sculptée par un français s’il vous plait (cocorico !!).Rio - Christ redentorAprès une pause burger dans le village le plus proche, nous nous baladons sur les hauteurs et en profitons pour acheter des souvenirs : un petit tableau pour mon grand-père, un magnet peint à la main ainsi qu’une confiture de goyave pour mes parents, une bouteille de Cachaça pour réaliser des caipi maisons pour les copines etc. Nous ne nous lassons pas de la vue qui une fois de plus est imprenable ! Avant de filer pour l’aéroport nous nous accordons une dernière pause détente dans un petit café perché dans un semblant de jungle.Rio - bière amazonnienneEn résumé, ces 4 jours à Rio ont été tout simplement incroyables. Les paysages et panoramas sont à couper le souffle et la population locale, quoi qu’en puisse dire les européens, très sympathique et avenante, même s’il faut quand même rester vigilent.  Je n’ai pas ressenti l’insécurité plus qu’ailleurs, sauf peut-être au niveau des escaliers Selaron. Le coût de la vie est tout à fait raisonnable  que ce soit pour les logements (si vous optez comme nous pour les auberges de jeunesse), la nourriture ou les transports. Le prix des visites incontournables (christ rédempteur, pain de sucre) est lui un peu plus élevé mais reste convenable. Le climat est doux même en plein hiver bien que les plages connaissent de nombreux rouleaux rendant la baignade assez sportive et parfois même déconseillée. La faune et la flore sont très riches. Bref, si vous hésitiez à y aller ne vous posez plus de question et foncez découvrir cette métropole aux multiples facettes !Rio - Mas amor por favorRio - Sunset - ipanema